vendredi 27 avril 2012

Et la lumière fut.

De retour après une brève absence, pour cause de déménagement... l'humeur pluvieuse du mois d'avril allait de pair avec le montage de meuble et les heures de rêverie passées à glaner des inspirations pour ma future déco sur le net... Je me suis tout de même décidée à sortir hier pour aller voir au musée d'Orsay la rétrospective consacrée au peintre finlandais Akseli Gallen-Kallela (1865 - 1931). Une passion finlandaise se termine le 6 mai, et si vous êtes de passage à Paris je ne saurais que trop vous la conseiller!

Il faut dire que j'avais certaines prédispositions à ne pas manquer cet évènement : la Finlande et moi, c'est une grande histoire d'amour, le tournant XIX°-XX°, c'est mon dada, et j'étais restée profondément marquée par l'unique tableau de Gallen que j'avais vu jusqu'à alors à l'exposition Traces du Sacré, présentée à Beaubourg en 2008.

Ad Astra, 1894. Huile sur toile, 76 x 85 cm.

Une merveille. J'y suis restée scotchée de longs moments encore, en rêvant secrètement de pouvoir l'accrocher dans mon salon, au dessus d'un autel d'offrandes, ce serait du plus bel effet.

Ma première approche de la peinture d'Akseli Gallen-Kallela s'était faite par l'aspect symboliste de son oeuvre, mais l'exposition présentée à Orsay m'a permis de me rendre compte de la diversité des palettes de l'artiste. Littéralement. L'exposition est partagée entre plusieurs sections thématiques, qui correspondent chacune à une période de sa vie et à l'adoption d'un style, d'un genre nouveau (big up! pour la scénographie). Un premier temps influencé par le réalisme français, ses tableaux évoquent des scènes de la vie quotidienne parisienne et de la campagne finlandaise.

Garçon et corbeau, 1884. Huile sur toile, 86 x 72 cm.

Démasquée, 1888. Huile sur toile, 65,5 x 54,5 cm.

Les deux portraits de son épouse Mary Sloor présentés dans la première salle sont de magnifiques exemples de l’habilité du peintre à passer d'une technique à une autre, malheureusement je ne suis pas parvenue à trouver de reproductions dignes de ce nom à vous montrer.

Viennent ensuite la section symboliste (♥), les paysages (aaah la lumière du nord si singulière, la vision mystique de la nature, tout ça me donne irrésistiblement envie de faire de longues randonnées dans les terres gelées de Carélie, si vous voulez mon avis), puis les illustrations du Kalevala, épopée finlandaise composée par Elias Lönnrot dans les années 1830 à partir d'anciens poèmes chantés de la tradition orale finnoise, avec tout plein de héros aux pouvoirs surnaturels qui feraient pâlir de jalousie Enée, Ulysse et consorts.

La mère de Lemminkaïnen, 1897. Tempera sur toile, 85,5 x 108,5 cm.

Bam. On avait dit changement de style? Les contours marqués, propices à la narration, l’exacerbation des couleurs... Je suis toujours aussi conquise. Plus encore quand je passe à la salle consacrée aux Arts Décoratifs, qui trouvent des résonances dans mon coeur à l'Art Nouveau et à l'Aesthetic Movement... Pour finir, la série de tableaux réalisés lors de son voyage en Afrique, qui prend un virage nettement plus expressionniste, m'a moins séduite (et le virage est un peu abrupt) mais souligne d'un point d'honneur la propension de Gallen à transformer ses sujets sous son coup de pinceau. 

Je ne parlerai pas du Mausolée Jusélius ou du Pavillon Finlandais pour l'Exposition Universelle de 1900, ni de mon idéal masculin macabre du Voyage à Tuonela, sinon ce post n'en finira jamais. Surtout que maintenant j'ai Helmut Newton et Beauté Animale à aller voir au Grand Palais, sans compter Tim Burton à la Cinémathèque. J'aimerais vraiment avoir le don d'ubiquité.